#CanadaVotes2021 - Les questions à poser concernant la crise des surdoses causée par la toxicité des drogues illégales
La crise des surdoses causée par la toxicité des drogues illégales continue d'être l'une des urgences de santé publique les plus dévastatrices de notre vie, avec 21 174 décès liés aux opioïdes au cours des cinq dernières années seulement. La plupart de ces décès étaient évitables et ils ont tous entraîné une dévastation incommensurable pour les familles et les communautés.
Au moment de décider pour qui voter, tenez compte des positions des partis sur la crise des surdoses, très ignorée des décideurs et qui nous a volé tant de nos proches.
Notre Bulletin
Notre bulletin est basé sur les plateformes des partis, les déclarations et les articles parus dans les médias.
Questions importantes à poser aux chefs de parti et aux candidats locaux :
Ces questions ont été envoyées à tous les chefs de parti. Toutes les questions, à l'exception de la question 5 ajoutée plus tard, ont été envoyées aux chefs de parti avant et au début de la campagne électorale. À ce jour, nous n'avons reçu aucune réponse.
Décriminalisation: votre parti décriminaliserait-il la possession personnelle de drogues illégales ? De plus, votre parti légiférerait-il sur ce changement plutôt que de s'appuyer sur des mesures informelles, régressives et discrétionnaires qui sont loin d'une véritable décriminalisation
Approvisionnement sécuritaire: Votre parti garantirait-il un approvisionnement sécuritaire en produits pharmaceutiques alternatifs aux drogues toxiques de la rue ? Et, si oui, quelles mesures mettriez-vous en œuvre pour garantir que cela soit largement disponible ?
Réduction des méfaits: votre parti créerait-il un environnement juridique et politique qui financerait et défendrait des programmes fondés sur des données probantes afin de faciliter le développement et l'intensification des services de réduction des méfaits à l'échelle du Canada, y compris dans les régions éloignées et rurales ainsi que dans les établissements carcéraux?
Réglementation légale: votre parti adopterait-il une réglementation légale des drogues actuellement illégales, sur la base des données probantes disponibles qui tiennent compte des méfaits et des avantages, et la considériez-vous comme étant une étape vers le traitement de la consommation problématique de drogues, celle-ci relevant du domaine de la santé et non du domaine judiciaire?
Traitement: votre parti soutiendrait-il un accès complet à tous les modèles de traitement fondés sur des données probantes, y compris le traitement par agonistes opioïdes et d'autres approches de substitution ? Comment soutiendriez-vous le bien-être à long terme, y compris l'accès au logement, aux ressources en santé mentale et aux soins psychologiques et physiques?
Déclaration d'urgence: votre parti déclarerait-il la crise des surdoses comme une urgence nationale de santé publique afin qu'elle soit prise au sérieux et financée de manière appropriée ? Aussi, vous assureriez-vous que des mesures d'urgence soient prévues dans toutes les provinces et territoires et guidées par les personnes les plus touchées?
Financement: Quel financement votre parti fournirait-il pour intensifier les services de prévention, de réduction des méfaits et de traitement ?
Notre position :
Décriminalisation: La criminalisation des personnes en possession de substances désormais illégales à des fins personnelles est une position politique du gouvernement qui contribue directement à ce que les personnes consomment et meurent seules. Cela empêche les personnes qui estiment avoir besoin d'aide pour une consommation problématique de drogues d'en demander, et perpétue une stigmatisation mortelle. Ces lois canadiennes sur les drogues sont enracinées dans le racisme et continuent d'avoir un impact disproportionné sur les Canadiens racialisés et les peuples autochtones. À ce titre, la criminalisation des personnes qui consomment des drogues est un obstacle à la réconciliation.
Approvisionnement sécuritaire: des milliers de personnes meurent à cause de drogues toxiques, plus que jamais auparavant, d'autant plus que les mesures visant à empêcher la propagation du COVID-19 ont isolé les personnes des services et des soutiens. La pandémie a également perturbé les voies d'approvisionnement en substances illégales, entraînant un approvisionnement plus concentré et contaminé.
Réduction des méfaits: La réduction des méfaits est fondée sur une approche scientifique globale, tenant compte des traumatismes et fondée sur les droits de l'homme. La preuve est claire que les programmes de réduction des méfaits tels que les sites de consommation sécuritaire, la vérification des drogues, et les services de prévention des surdoses fonctionnent tous pour prévenir les décès et connecter les personnes qui consomment des substances aux programmes de santé publique et sociaux. Ces approches sont rentables et ont un impact positif sur la santé individuelle et communautaire.
Réglementation légale: L'alcool, le tabac et le cannabis sont actuellement réglementés par la loi au Canada, en utilisant des contrôles pour gérer le vendeur, le point de vente, le produit et l'acheteur, le cas échéant. Une réglementation des drogues axée sur la santé publique pourrait offrir un accès plus sécuritaire tout en protégeant les individus et les populations. Selon la substance, les méfaits et avantages potentiels, la réglementation pourrait aller des ordonnances aux points de vente réglementés, en passant par les locaux autorisés, dans le but de fournir un accès plus sécuritaire aux adultes, tout en protégeant les enfants et les jeunes. Le statu quo et l'interdiction n'ont jamais fonctionné. Les taux de mortalité catastrophiques que nous observons actuellement nous indiquent que la prohibition, comme ce fut le cas pour la prohibition de l'alcool, ajoute plutôt qu'elle ne prévient les méfaits. Même la London School of Economics a déclaré que la guerre contre la drogue était un échec mondial.
Traitement: Nous soutenons un éventail d'options de traitement fondées sur des données probantes qui répondent le mieux aux besoins et aux désirs de chaque individu. Pour la dépendance aux opioïdes, diverses formes de traitement par agonistes opioïdes (TAO, y compris l'iOAT) sont recommandées par les scientifiques et les professionnels de la santé dans les lignes directrices du CRISM/ICRAS Canada. Pour les stimulants et autres substances, puisqu'il n'existe actuellement pas de traitement de substitution efficace, les approches recommandées comprennent le soutien psychosocial, la thérapie et le conseil.
Dans tous les cas, nous appuyons un accès accru aux services publics en matière de santé mentale. Un traitement résidentiel est requis pour une minorité de personnes qui consomment de façon problématique, le plus souvent pour des personnes privées d'un logement stable ou qui ne peuvent pas être à leur domicile. Tout traitement résidentiel devrait inclure l'accès à toutes les formes d'OAT. Enfin, il est important de noter que la plupart des personnes qui consomment des substances n'ont pas de consommation problématique (ou vivant avec une « dépendance ») et n'ont donc pas besoin de traitement.
Déclaration d'urgence: La réponse à la pandémie de COVID-19 a montré comment les mesures et les investissements de santé publique peuvent prévenir des dommages graves et des pertes de vie, et pourtant, nous n'avons pas vu la même approche ou préoccupation dans l'autre urgence de santé publique du Canada, soit la crise des surdoses et des intoxications aux drogues. Pour éviter les échecs politiques passés, toute réponse efficace doit être guidée par les personnes les plus touchées et les mieux informées, c'est-à-dire les personnes qui consomment des drogues et leurs familles.
Budget: notre expérience récente avec COVID-19 nous a montré que les mesures de santé publique, bien que coûteuses, sont efficaces pour sauver non seulement des vies, mais aussi l'argent des contribuables à long terme, car les hospitalisations sont évitées, les économies sont protégées et des vies ne sont pas fauchées.
Nous croyons fermement que tout gouvernement nouvellement élu devrait légiférer pour modifier les politiques antidrogue qui ont échoué et fournir un financement adéquat pour mettre fin à la crise des surdoses causée par la toxicité des drogues illégales. Lors de la dernière élection fédérale en 2019, de telles mesures semblaient largement hors de portée compte tenu des positions de la plupart des partis. Heureusement, beaucoup de choses ont changé entre-temps et nous savons que le Parti libéral peut se permettre d'être plus audacieux cette fois-ci. Comme vous le savez peut-être, de nombreux agents de santé publique se sont prononcés en faveur de la décriminalisation. De plus, un récent sondage d'opinion Angus Reid montre qu'une majorité de Canadiens appuient cette décision. De plus, à ce jour, près de 40 collectivités ont adopté la résolution de MSTH appelant le gouvernement fédéral à élaborer un plan d'action pancanadien sur les surdoses qui comprend une décriminalisation et dépénalisation ainsi qu’une réglementation légale. D'autres municipalités, comme Vancouver et Montréal, ont adopté leurs propres résolutions connexes.
Nous exhortons tous les chefs de parti et candidats à écouter les communautés, les experts et la majorité des Canadiens qui souhaitent des mesures face à la crise des surdoses. Il est temps de faire face à cette urgence nationale de santé publique qui tue nos proches.
Réponses des partis
Liberal - Justin Trudeau
Aborder la consommation problématique de substances
La crise des opioïdes s’est aggravée pendant la pandémie de COVID-19. En 2020, 6 214 décès étaient liés à une surdose d’opioïde au Canada. Pour sauver des vies, nous devons aborder la crise des opioïdes comme un problème de société. Nous devons aussi nous attaquer aux principales causes et soutenir avec le respect et la dignité qu’elles méritent les personnes qui consomment des drogues. Nous continuerons d’adopter une approche fondée sur des preuves en lien avec la consummation problématique de substances et de travailler avec tous les ordres de gouvernement pour soutenir des approches avantgardistes afin que les Canadiens aient accès aux soins et au soutien dont ils ont besoin. Un gouvernement libéral réélu s’engage à :
Mettre en place une stratégie exhaustive pour traiter la consommation problématique de substances et pour mettre fin à la crise des opioïdes.
Consacrer 25 millions de dollars à la sensibilization du public pour réduire la stigmatisation associée à la consommation problématique de substances.
Investir 500 millions de dollars pour appuyer les provinces et les territoires dans l’accès à une gamme complète de traitements fondés sur des preuves, reconnaissant que le succès du traitement n’est pas déterminé par une abstinence à long terme.
Soutenir les provinces et les territoires dans la création de normes pour les programmes de traitement de la consommation de substances afin que les Canadiens puissent avoir accès à un soutien de qualité et fondé sur des données lorsqu’ils en ont le plus besoin.
Appuyer les nombreux contrevenants à faible risqué ou ceux qui en sont à leur première infraction en procédant à une réforme du Code criminel afin d’abroger les sanctions minimales obligatoires et pertinentes, et en demandant aux policiers et aux procureurs de la Couronne d’éviter qu’ils intègrent le système de justice pénale.
Canada’s NDP (New Democrats) - Jagmeet Singh
Conservative Party - Erin O’Toole
Bloc Québécois - Yves-François Blanchet
Cette information provient d'une lettre au MSTH datée du 24 août 2021.
1) Votre parti décriminaliserait-il la possession de drogues illégales à des fins de consommation personnelle? Votre parti légiférerait-il réellement sur ce changement, au lieu de recourir à des mesures timides, informelles et discrétionnaires qui n’aboutissent pas à une véritable décriminalisation?
Nous avons appuyé les recommandations du rapport 6 du Comité de la sécurité publique qui cherchait à décriminaliser la possession simple de toutes les drogues illicites. Nous serions prêts à appuyer en deuxième lecture un tel projet de loi gouvernemental à cet effet afin de permettre une étude exhaustive en comité.
2) Votre parti veillerait-il à mettre en place un approvisionnement sécuritaire de médicaments de substitution aux drogues de rue toxiques? Si oui, quelles mesures mettriez-vous en place pour en assurer l’accessibilité?
Nous jugeons que le fédéral a un rôle important à jouer dans l’homologation des médicaments et pour examiner les prix. Les provinces et les municipalités ont la responsabilité d’ensuite assurez l’accessibilité via leurs propres programmes. Le Bloc Québécois a toujours appuyé les initiatives des sites d’injection supervisée.
3) Dans le but de faciliter le développement et la multiplication des services de réduction des méfaits partout au pays, y compris en région rurale et éloignée et dans les prisons, votre parti serait-il prêt à créer un contexte juridique et politique qui financerait et favoriserait des programmes fondés sur des données probantes?
Le Bloc Québécois est en faveur des politiques de réduction des méfaits. Le Bloc Québécois est favorable notamment aux sites d’injection supervisée. L’approche québécoise de lutte contre la toxicomanie a déjà fait ses preuves et le Bloc Québécois est favorable à ce que les groupes communautaires puissent recevoir le soutien nécessaire afin de faire le travail de terrain qui contribue grandement à combattre la toxicomanie et réduire les méfaits qui y sont reliés.
Nous croyons que le fédéral doit accorder une exemption de catégorie pour protéger les clients et le personnel des services de consommation supervisée (SCS), y compris bénévole, contre d’éventuelles poursuites pour possession de drogues ou pour des activités susceptibles de constituer un « trafic », dès lors qu’un certain nombre de conditions minimales sont respectées. De plus, comme vous le mentionniez, une telle exemption protègerait automatiquement les SCS contre les poursuites, dès lors que certaines conditions sont remplies, ce qui soulagerait les fournisseurs de SCS d’un fardeau administratif considérable, puisqu’ils n’auraient plus à faire de demande d’exemption au cas par cas à Santé Canada. De plus, si le fédéral veut financer les SCS, il n’aurait qu’à transférer sans condition l’argent au Québec.
Nous croyons que les peines minimales obligatoires – entre-autre – nuisent à la réhabilitation. Le fédéral doit également faire beaucoup mieux pour la réhabilitation des détenus : l’enquêteur correctionnel du Canada a d’ailleurs publié un rapport dévastateur où il estimait que les efforts du Canada pour la réhabilitation des détenus n’étaient pas suffisants, ce qui fait en sorte que les détenus sortent sans avoir acquis de nouvelles compétences. Le fédéral doit suivre les recommandations de l’Enquêteur correctionnel en fournissant des formations constructives dans les pénitenciers.
4) Votre parti s’engagerait-il à réglementer des drogues qui sont illégales à l’heure actuelle en fonction des meilleures preuves disponibles sur les inconvénients et les avantages, de manière à traiter l’utilisation problématique de drogues comme un problème de santé?
Oui.
5) Votre parti déclarerait-il la crise des surdoses comme une urgence nationale de santé publique afin qu’elle soit prise au sérieux et financée adéquatement? Veilleriez-vous également à ce que des mesures d’urgence, guidées par les personnes les plus touchées, soient prévues dans toutes les provinces et tous les territoires?
Les provinces ont les pouvoir en la matière et nous leur faisons pleinement confiance pour prendre les décisions appropriées. Cependant, le système de santé des provinces est surchargé et elles manquent de ressources à cause du sous-financement chronique d’Ottawa. C’est pourquoi le Bloc Québécois souhaite augmenter de 28 G$ immédiatement les transferts en santé aux provinces, comme celles-ci le demande, afin de couvrir 35% des coûts.
6) Quel financement votre parti accorderait-il au développement des services de prévention, de réduction des méfaits et de traitement?
Nous souhaitons donner 28 G$ aux provinces en transferts en santé immédiatement afin qu’elles puissent s’attaquer aux nombreux défis en matière de santé publique
Green Party of Canada (GPC) - Annamie Paul
Plateforme de 2021 (60-62):
Déclarer une urgence nationale de santé publique face à la crise liée aux drogues mortelles
Décriminaliser la possession de drogues illicites pour usage personnel
Supprimer les sanctions pénales pour la possession à des fins personnelles et la consommation de toutes les drogues en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
Légiférer sur ce changement plutôt que de recourir à des mesures informelles, progressives et discrétionnaires qui n’aboutissent pas à une véritable décriminalisation.
Créer un approvisionnement national sûr en drogues de prédilection
Élaborer un programme par l’intermédiaire du gouvernement fédéral afin que la population puisse accéder en toute sécurité à des substituts pharmaceutiques à leurs drogues de prédilection.
Investir dans un système intégré de décriminalisation et d’accès à des services efficaces pour les personnes en quête de traitement
Augmenter le financement des organismes communautaires offrant des tests de dépistage des drogues et du soutien aux personnes qui consomment. 61
Mettre en œuvre un programme national d’éducation et de distribution de Naloxone afin que des trousses de Naloxone soient couramment accessibles pour traiter les surdoses et que tout le monde comprenne ce que c’est et comment l’utiliser.
Créer un contexte juridique et politique qui finance et encourage des programmes fondés sur des données probantes visant à faciliter l’établissement et l’élargissement des services de réduction des risques dans tout le Canada, y compris dans les milieux ruraux et les prisons.
Accroître le soutien aux services de santé mentale et de toxicomanie pour les personnes à la recherche de ces services.
Amnistier les personnes condamnées pour possession simple de cannabis
Accorder un pardon automatique à toute personne condamnée pour possession simple de cannabis et veiller à ce que toutes traces des infractions et circonstances soient effacées du casier judiciaire.
Proposer la légalisation des drogues actuellement illégales en se fondant sur les meilleures données disponibles sur leurs effets nocifs et bénéfiques, en vue de considérer la consommation excessive de drogues comme un problème de santé
Une réglementation des drogues axée sur la santé publique, comme c’est actuellement le cas au Canada pour l’alcool, le tabac et le cannabis, pourrait permettre un accès plus sûr à ces substances en plus de protéger les personnes et les communautés.
Selon la substance et ses bienfaits et inconvénients potentiels, la réglementation pourrait aller des ordonnances médicales aux points de vente réglementés en passant par des établissements sous licence procurant un accès sûr aux adultes et protégeant les enfants et les ados.